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PORT-ROYAL

lence (comme l’appelait M. de Saint-Cyran), le voulut aller quérir lui-même dans son carrosse. Tout Vincennes était dans le transport ; les chanoines du lieu le vinrent féliciter ; les gardes pleuraient de joie et de tristesse de le voir partir, et ils firent haie au passage avec mousquetades, fifres et tambours. Les premières visites, avM. de Saint-Cyran se promit de n’y retourner jamais), puis à M. le Premier Président (Molé), qui le reçut d’un parfait accueil, puis à Port-Royal de Paris, l’asyle du cœur. On l’y attendait ; le matin même, au réfectoire, la mère Agnès, qui venait d’apprendre la délivrance, était entrée, et, sans faire infraction au silence, avait délié sa ceinture devant la Communauté, pour donner à entendre que Dieu avait rompu les liens de son serviteur. Comme on était déjà prévenu d’une grande espérance de cette liberté, chacune à l’instant avait compris : la joie se répandit du cœur sur les visages sans paroles et sans dissipation. La première entrevue fut moins solennelle pourtant qu’on n’aurait pu s’y attendre ; toute la Communauté s’était réunie au parloir de Saint-Jean, vers cinq ou six heures du soir, pour recevoir le Père tant désiré ; mais lorsqu’il entra, M. de Rebours, qui avait la vue fort basse, prit une lunette pour lorgner, ce qui fit rire une religieuse, et celle-ci en fit rire une autre, et toutes, ayant le cœur plein de joie, éclatèrent. M. de Saint-Cyran dut ajourner les paroles

    amies et ennemies, et auxquels on n’a su rien trouver à redire, un Traité de l’Église avec plusieurs autres. Dieu sera donc loué par cette action de justice, l’Église en sera servie, et le particulier (ou M. Molé lui-même, ou M. de Saint-Cyran, car ce n’est pas clair) tiendra cette faveur pour un singulier bienfait, qui l’obligera toute sa vie, etc.
    « S’il restoit quelque doute en l’esprit du roi de la doctrine de M. de Saint-Cyran, Sa Majesté peut envoyer vers lui M. l’évêque de Lisieux (M. Cospéan), qui a parlé de lui à feu M. le Cardinal. »