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LIVRE DEUXIÈME

La partie de la Bible publiée la première, et connue sous le nom de Nouveau Testament de Mans, parce qu’on y mit le nom de cette ville, porta le premier poids de l’assaut ; elle ne put être imprimée à Paris. Le chancelier Séguier, ayant consulté des docteurs prévenus ou intéressés (tels que le Père Amelotte), refusa son approbation, et la version dut s’imprimer en Hollande, à Amsterdam : M. de Pontchâteau fit un voyage exprès pour en surveiller l’impression.[1] Dès qu’elle parut, le Père Maimbourg, alors jésuite, prêcha contre (rue Saint-Antoine) dans une série de sermons à perdre haleine, où il renouvela les violences du Père Nouet contre la Fréquente Communion ; il se donnait cyniquement lui-même pour le bon chien de chasse, qui fait lever le gibier. Il y eut des Mandements d’archevêques et d’évêques et même un Bref du pape Clément IX, lancés contre cette Version ; mais tout cela irrégulier, plus ou moins contestable, gallicanement parlant. Lors de la Paix de l’Église, Arnauld et Messieurs de Port-Royal, qui avaient désiré et obtenu Bossuet pour censeur et arbitre équitable dans la publication du livre de la Perpétuité de la Foi, lui voulurent encore soumettre leur Version de Mons : il s’agissait de la relever des préventions injustes dont on l’avait frappée. L’archevêque Péréfixe consentit. Bossuet était favorable en général aux traductions en langue vulgaire, sauf examen et approbation des évêques. Il pensait du bien de la Version de Mons ; les seuls défauts essentiels qu’il y trouvât, c’était un tour trop recherché, trop d’industrie de paroles, une affectation de politesse et d’agrément, que le Saint-Esprit

    ils travaillent incessamment à l’expliquer : les Catholiques disent quelle est très-obscure, et jamais ils ne l’expliquent] » Nos amis eurent à cœur de faire cesser cette contradiction.

  1. On la mit sous le nom de Gaspard Migeot, libraire de Mons, qui se chargea du débit.