joint et aussi se tempère. On tient donc, et par mille côtés, les traits assez constants de son caractère : un dévot du monde, très-sincère et un peu vain, sachant et ayant de l’esprit y resté naïf, très-brusque, ajoute-t-on, c’est-à-dire très-vif, fort en paroles, en gestes, démonstratif, mais aimable et poli, solennel même, officieux et sûr, excellent, bien avec tous, et surtout avec les dames.
M. de Saint-Cyran, qui le connaissait si parfaitement, et qui ne flatte pas, écrivait de lui à la date de février 1642 : « Il est vrai qu’il n’a pas la vertu d’un anachorète et d’un Bienheureux, mais je ne sache aucun homme de sa condition qui soit si solidement vertueux. » Voilà la limite sérieuse.
Sa retraite se ressentit tout d’abord de ces dispositions de sa nature ; elle n’eut rien de violent ni d’effrayé devant Dieu ; il y mit le temps, il l’accommoda à loisir. Ainsi, dans l’intervalle de dix-huit mois et plus qui s’écoulèrent depuis son parti pris jusqu’à son entrée définitive, il ne donna pas seulement ses soins à ses affaires et à ses relations du monde, mais encore à l’opinion qu’il y voulait laisser. Ayant été attaqué dans une certaine Histoire de France par le président de Gramond du Parlement de Toulouse, qui l’avait représenté comme une créature vénale de Richelieu,[1] il le réfuta dans des
- ↑ Il y était dit qu’afin de rendre Monsieur suspect au Roi, le Père Joseph et M. d’Andilly, ces créatures vendues au Cardinal,
elle faisoit de temps en temps des escapades plutost que des retraites. » J’insiste sur la liltéralité du texte, parce que je sais que cette réserve capitale : mais en Dieu et purement spirituellement, a été contestée et qu’on est allé jusqu’à dire que c’était une addition qui n’était ni du fait ni de la main de Retz. Le manuscrit autographe fait preuve du contraire ; les ratures et modifications qu’il a subies dans ce passage ne tombent pas sur l’endroit qui nous intéresse, et la spiritualité de l’amour de M. d’Andilly reste hors d’atteinte.