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LIVRE DEUXIÈME.

nauld d’Andilly, né à Paris en 1589, était l’aîné des fils de M. Antoine Arnauld l’avocat. Son père le fit élever an logis sous un docte maître, le fils même du célèbre Lambin. Le jeune d’Andilly eut donc une assez forte éducation, une nourriture classique de la fin du seizième siècle, mais qui se fondit vite pour lui dans la politesse du monde. Fort aimé de ses oncles, dont l’un fut nommé par Henri IV, en 1605, intendant des finances, il exerça dès ce jour-là en qualité de son premier commis, quoiqu’il n’eût que seize ans. Après la mort de Henri IV, il se trouvait, par faveur singulière, avoir entrée dans le Conseil des finances à la suite de son oncle, et il demeurait derrière les chaises du Roi et de la Reine-mère à voir opiner, ce qui ne lui donnait pas, a-t-il soin de nous dire, une petite connaissance des affaires. Son père le maria à vingt-quatre ans à la fille de M. Le Fèvre de La Boderie qui avait été ambassadeur à Bruxelles, à Turin, et deux fois négociateur près du roi Jacques à Londres. Il faudrait l’entendre lui-même s’étendant au long sur le mérite si extraordinaire de son beau-père, de sa belle-mère, et de tout ce qui leur attenait ; car il abonde et ne tarit plus, une fois sur ce chapitre des alliances, des parentés, et des mérites de tous les siens.[1] La terre de Pomponne,

    blié en 1857 un Journal inédit d’Arnauld d’Andilly, de 1614 à 1620, tiré des Papiers Conrart (Manuscrits de l’Arsenal). Un autre journal de lui, et beaucoup plus considérable, commençant au 1er février 1615 et s’arrêtant au 14 décembre 1632, que M. Varin avait retrouvé également dans la Bibliothèque de l’Arsenal, et qui ne formait pas moins de huit volumes in-4o, a été égaré par suite de la mort subite de ce bibliothécaire, qui avait négligé de le classer et de le ranger en son lieu. Quelque intéressants, d’ailleurs qu’ils soient ou qu’ils eussent été pour l’histoire, ces Journaux de M. d’Andilly, qui se rapportent à son âge le plus actif, restent étrangers par leur objet au point de vue particulier sous lequel nous le considérons.

  1. Si l’on est curieux, on peut voir sur les La Boderie et en particulier sur le beau-père de M. d’Andilly, personnage en effet plein