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PORT-ROYAL.

Le cours de sa Licence dura deux années, depuis Pâques 1638 jusqu’au Carême de 1640. Ceux qui s’engageaient dans cette lice étaient obligés de soutenir trois actes publics, d’assister à ceux des autres et même aux Tentatives des bacheliers, d’y prendre part et de disputer à leur tour selon l’ordre marqué : « Et comme ordinairement, nous dit le Père Quesnel en son Histoire de M. Arnauld, il se trouve un fort grand nombre de bacheliers dans la Licence, le travail y est grand, et on y est toujours en haleine, soit pour attaquer, soit pour défendre. Tout s’y fait avec vigueur et avec éclat ; tout y est animé par la présence des Docteurs qui y président et y assistent, par le concours des premières personnes de l’Église et de l’État et des savants de toutes conditions… L’on peut dire en effet qu’une Licence de Théologie de Paris est, dans le genre des exercices de littérature, un des plus beaux spectacles qui se trouvent dans le monde. » C’est bien ainsi que le conçut premièrement le jeune Arnauld, qui abondait de toute l’effusion de son cœur dans cette gloire de Sorbonne, autant que M. Le Maître dans celle du Barreau. Nous l’y verrons incliner toujours, et même converti, même plus tard exclu et tout à fait caché, caresser cet idéal de dispute triomphante et ces formes solennelles de combat. À la différence de M. de Saint-Cyran si intérieur, il n’aima rien tant tout d’abord que le gouvernement parlementaire de la théologie.

En même temps qu’il poursuivait sa Licence, il professait un Cours de philosophie au Collège du Mans. Un jour, y présidant à la thèse d’un de ses élèves, Walon de Beaupuis, qui fut plus tard maître à Port-


    Monsieur le Chantre, je n’en serai pas moins heureux quoique moins riche, je n’en serai pas aussi avec moins de passion, votre, etc.… »