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IX


Esprit de saint François de Sales. — Deux lignées d’esprits dans le Christianisme. — De quelques points de dogme chez saint François ; son optimisme théologique. — Surcroissance de fleurs. — Ses affinités poétiques et littéraires. — Bernardin de Saint-Pierre et Lamartine. — Des Portes et d’Urfé. — Vogue de saint François près du sexe. — Son culte pour la Vierge. — Écrivain plus qu’il ne croit : Amyot et Montaigne. — Camus, évêque de Belley : école séraphique et allégorique. — Arnauld vrai Malherbe en théologie.


Le contraste entre saint François de Sales et M. de Saint-Cyran n’est qu’un cas singulier d’un parallélisme plus général et continu. Il y a lieu dans le Christianisme à différentes classes et familles d’esprits, qui, tout en s’y régénérant, le font cependant selon leurs caractères naturels et certains traits de complexion qu’ils ne perdent pas. Dès qu’il se trouve dans une société, dans un groupe, un nombre suffisant d’esprits réunis, toutes les formes naturelles et essentielles se produisent bientôt et sortent. On pourrait suivre dès l’origine du Christianisme, et dresser une double liste d’esprits religieux éminents, qui ont toujours été plus ou moins en contraste et en lutte au sein d’une même foi, d’une même