Page:Sainte-Beuve - Poésies 1863.djvu/636

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
314
NOTES ET SONNETS.


Et mon sonnet léger et pourtant attendri
N’est qu’un feston de plus sur leur marbre fleuri,
Une perle de plus, dans ta couronne, ô Laure !


SONNET

À UN PEINTRE


Ne montez Albano qu’au déclin d’un beau jour ;
Descendez-le surtout aux heures inclinées :
Si tendrement, de loin, ses lignes dessinées,
Une heure avant l’Ave, peindront mieux leur contour.

Pour que l’œil aux objets glisse avec plus d’amour,
Le bon moment n’est pas le midi des journées.
Ces pentes, de leur cloître au sommet couronnées,
Ont besoin d’un soleil qui les prenne au retour.

Quand baisse le rayon, c’est alors qu’on commence
À bien voir, à tout voir dans la nature immense :
Midi superbe éteint les lieux tout blancs voilés.

De même dans la vie, on voit mieux lorsque l’âge
Trop ardent a fait place à cette heure plus sage,
Aux obliques rayons, hélas ! d’ombre mêlés.