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NOTES ET SONNETS.


SONNET

à madame Desbordes-Valmore


Puisqu’aussi bien tout passe et que l’Amour a lui.
Puisqu’après le flambeau ce n’est plus que la cendre,
Que le rayon pâli n’est plus même à descendre,
Puisqu’en mon cœur désert habite un morne ennui,

Si le loisir du chant me revient aujourd’hui,
Qu’en faire, Muse aimée ? et nous faut-il attendre
L’écho qu’hier encore il était doux d’entendre,
Dernier soupir du nom qui pour toujours m’a fui ?

Oh ! sortons de moi-même ! et de mon âme errante
Suspendons loin de moi la corde murmurante !
Ailleurs, je sais ailleurs des endroits consacrés :

Et comme un timbre d’or, qui parfois chante où pleure,
Mon vers harmonieux sonnerait les quarts d’heure
Heureux ou douloureux des amis préférés.