Page:Sainte-Beuve - Poésies 1863.djvu/623

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
301
NOTES ET SONNETS.

PORT-ROYAL DES CHAMPS

À M. SAINTE-BEUVE


À Port-Royal désert je suis allé revoir
La place où, méditant la parole divine,
Nicole s’asseyait, où, tant de fois, le soir,
S’exhalèrent en pleurs les pensers de Racine.

Et ces grands souvenirs sur une humble ruine
M’ont fait prendre en mépris et notre vain savoir,
Et les sentiers trompeurs où notre esprit s’obstine,
Et pour nos pauvres vers l’orgueil de notre espoir.

Toi qui les as connus ces graves solitaires,
Qui sous l’herbe as cherché leurs traces toujours chères,
Tu sais ce que leur vie eut d’austères douceurs.

Ah ! dis-nous si ce monde aux volontés flottantes
Vaut leurs bois embaumés, leurs sources jaillissantes,
Et le bruit de nos pas le silence des leurs.


Antoine de Latour.
Paris, 16 octobre.