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PENSÉES D’AOÛT.

Nous offrit du plus loin une enfant accourue[1],
Jeune fille demain en sa tendre saison,
Orgueil et cher appui de l’antique maison,
Fleur de tout un passé majestueux et grave,
Rejeton précieux où plus d’un nom se grave,
Qui refait l’espérance et les fraîches couleurs,
Qui sait les souvenirs et non pas les douleurs,
Et dont, chaque matin, l’heureuse et blonde tête,
Après les jours chargés de gloire et de tempête,
Porte légèrement tout ce poids des aïeux,
Et court sur le gazon, le vent dans ses cheveux.

Au château du Marais, ce 22 août 1845.

MARIA


..... Incomtum Lacænæ
More comam religata nodum
.

Horace.


« At vero quod nefas dicere, neque sit ullum hujus rei tam dirum exemplum : si cujuslibet eximiæ pulcherrimæque feminæ caput capillo exspoliaveris et faciem nativa specie nudaveris ; licet illa cœlo dejecta, mari edita, fluctibus educata, licet, inquam, Venus ipsa fuerit, licet omni Gratiarum choro stipata et toto Cupidinum populo comitata, et balteo suo cincla, cinnama fragrans, et balsama rorans, calva processerit : placere non poterit nec Vulcano suo. »
Apulée (Métamorphoses, livre II).


À M. DE LURDE


Sur un front de quinze ans la chevelure est belle ;
Elle est de l’arbre en fleurs la grâce naturelle,

  1. Mademoiselle de Champlâtreux, aujourd’hui duchesse d’Ayen.