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PENSÉES D’AOÛT.


Des justes à sauver la vertu sur la terre,
À consoler le Père
Dans les cieux indulgents.

Non plus, je n’ai jamais, au retour d’une absence,
Revu Paris si cher, sans mieux voir sa puissance,
Sans y plus admirer tant de noms rattachés ;
Surtout sans raccourir, d’une amitié plus tendre,
Vers qui veut bien m’attendre,
Vers les amis cachés !


SONNET


....Ιθάκην εὐδείελον....
Bene-objacentem-occidenti Ithacam.
Homère, Odyssée.


J’aime Paris aux beaux couchants d’automne,
Paris superbe aux couchants élargis,
Quand sur les quais du soleil tout rougis,
Le long des ponts, je m’arrête et m’étonne.

Rompant au fond la splendeur monotone,
L’Arc de triomphe et ses pans obscurcis
Semblent s’ouvrir au vainqueur de Memphis,
Qui les emplit de l’or de sa couronne.

Mieux qu’un vainqueur, c’est un Roi-Mage encor,
Qui, vieillissant, verse tout son trésor ;
Ou c’est Homère épanchant l’Odyssée,