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PENSÉES D’AOÛT.


Ne traverser que tard le chaume de tes blés,
Et, trouvant déjà haut les chantres envolés,
N’ensanglanter jamais tes belles marguerites !


(La charmante madame G…, âgée de dix-neuf ans et demi, exigeait que je lui fisse des vers en épitaphe sur sa mort, et je lui ai fait ceux-ci qui s’appliquaient plutôt à son départ.)


POUR UNE MORT…

pour un départ


Pleurez, oiseaux ! la jeune Tarentine[1],
Une autre fois, a, pour l’algue marine,
Quitté nos prés.
Une dernière fois, la jeune Athénienne,
En se jouant, a vogué vers Cyrène ;
Pleurez !

Pleurez, oiseaux et colombes plaintives ;
Et vous gaiement, abeilles, sur nos rives
Ne murmurez !
Celle qui vous suivait, celle dont fut la vie
Joie et blancheur et murmure, est enfuie ;
Pleurez !

Pleures, vous tous, que sa voix qui caresse,
Son œil qui rit, tenait avec adresse
Désespérés ;

  1. Se rappeler la jolie pièce d’André Chénier et la Symétha de M. de Vigny.