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PENSÉES D’AOÛT.


ROME

ÉLÉGIE IMITÉE DE M. AUG. GUILL. DE SCHLEGEL.

À MADAME DE STAEL


Au sein de Parthénope as-tu goûté la vie ?
Dans le tombeau du monde apprenons à mourir !
Sur cette terre en vain, splendidement servie,
Le même astre immortel règne sans se couvrir ;

En vain, depuis les nuits des hautes origines,
Un ciel inaltérable y luit d’un fixe azur,
Et, comme un dais sans plis au front des Sept-Collines,
S’étend des monts Sabins jusqu’à la tour d’Astur ;

Un esprit de tristesse immuable et profonde
Habite dans ces lieux et conduit pas à pas ;
Hors l’écho du passé, pas de voix qui réponde ;
Le souvenir vous gagne, et le présent n’est pas.

Accouru de l’Olympe, au matin de Cybèle,
Là Saturne apporta l’anneau des jours anciens ;
Janus assis scella la chaîne encor nouvelle ;
Vinrent les longs loisirs des Rois Arcadiens.

Et sans quitter la chaîne, en descendant d’Évandre,
On peut, d’or ou d’airain, tout faire retentir :
Chaque pierre a son nom, tout mont garde sa cendre,
Vieux Roi mystérieux, Scipion ou martyr.