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LES CONSOLATIONS

Un grand principe aveugle, un mouvement sans cause
Anime tour à tour et détruit chaque chose ;
Par tous les éléments, sous les eaux, dans les airs,
Chaque être en tue un autre : ainsi vit l’Univers ;
Et dans ce grand chaos, bien plus chaos lui-même,
L’homme, insondable sphinx, ajoute son problème,
Crime et misère, en lui, qui se donnent la main :
La douleur ici-bas, et point de lendemain —
Oh ! ma croyance, Ami, que n’est-elle la tienne !
Que n’as-tu, comme moi, l’espoir qui te soutienne,
Qui te montre la vie en germe dans la mort,
Le mal à se détruire épuisant son effort !
Dans la confuse nuit où l’orage nous laisse,
Que ne découvres-tu l’Étoile de promesse,
Qui ramène l’errant vers le bercail chéri !
Alors, Ami blessé, ton cœur serait guéri :
Chaque vivant objet, que la trame déploie,
Te rendrait un écho d’harmonie et de joie ;
Et soumis, adorant, lu sentirais partout
Dieu présent et visible, et tout entier dans tout !