Si parfois mon accent vibre et mon œil éclaire,
C’est vaine passion, misérable colère,
Amour-propre blessé, que sais-je ? — et si mon front
Se voile de pâleur, c’est plutôt un affront ;
C’est que mon âme impure est ivre de mollesse ;
C’est le signe honteux que le plaisir me laisse.
XVII
À MON AMI LEROUX
« Ma barque est tout à l’heure aux bornes de la vie ;
« Le ciel devient plus sombre et le flot plus dormant ;
« Je touche aux bords où vont chercher leur jugement
« Celui qui marche droit et celui qui dévie.
« Oh ! quelle ombre ici-bas mon âme a poursuivie !
« Elle s’est fait de l’Art un monarque, un amant,
« Une idole, un veau d’or, un oracle qui ment :
« Tout est creux et menteur dans ce que l’homme envie.
« Aux abords du tombeau qui pour nous va s’ouvrir,
« Ô mon Âme, craignons de doublement mourir ;
« Laissons là ces tableaux qu’un faux brillant anime ;