C’est moins de n’avoir pas visité ces rivages
Que des noms éternels peuplent de leurs images,
Où l’orange est si mûre, où le ciel est si bleu ;
— C’est plutôt jusqu’ici d’avoir aimé trop peu !
IX
À FONTANEY
Ami, soit qu’emporté de passions sans nombre,
Après beaucoup de cris et de chutes dans l’ombre,
Comme aux jeux un vaincu qui dételle ses chars,
Vous arrêtiez votre âme, et de vos sens épars
Réprimiez la fureur trop longtemps effrénée ;
Soit que, fermant carrière à votre destinée,
Le premier vent vous ai rejeté dans le port ;
Qu’un amour malheureux, vous assaillant d’abord,
D’un voyage plus long vous ait ôté l’envie,
Et que, sans voir ouvrir, heurtant à cette vie,
Vous vous soyez, bien jeune, assis, le cœur en deuil,
Comme un amant, la nuit, qui s’assied sur un seuil ;
Ou soit encor que, plein de candeur et de joie,
Vous cheminiez en paix dans votre douce voie,