Telle sur la colline, aux sources de Vaucluse,
La fontaine en courant, la Nymphe qui s’amuse
Laisse parfois un flot s’enfuir hors de son lit ;
Ou telle, au pied des monts, votre aimable Corrèze
Oublie à travers champs, dans les fleurs ou la fraise,
Quelque frais ruisselet dont le pré s’embellit.
LE BOUQUET
Tout passe, tout renaît, le Printemps recommence :
Il rend la joie au monde et la vie à nos sens.
Marie, au boulevard, à remplacé Clémence :
Bouquetière de mai doit n’avoir que quinze ans.
Bouton qui s’ouvre à peine, et qui promet la rose,
Tu viens t’offrir à nous, et tu nous dis : « Cueillez !
Cueillez, il en est temps : même avant d’être éclose,
Souvent la fleur échappe aux rameaux dépouillés. »
Toute fleur de beauté n’a que de courts passages ;
Jouissons, jouissons de l’heure et du rayon :
C’est ce qu’ont, de tout temps, répété les plus sages,
Et Marion le sait autant qu’Anacréon.
Quand, ta rose à la main, tu prends ma boutonnière,
Poursuivant le passant de ton joli caquet,
Je dis : « Fi d’une fleur, gentille bouquetière !
J’achète la corbeille et veux tout le bouquet.