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POÉSIES

Et si sa lèvre, enflant ses beaux trésors,
Semble mûrir pour l’heure désirée,
On chante alors ;

On chante un peu, comme après une pluie
L’oiseau mouillé dont l’aile se ressuie
Sous un rayon ;
On chante aussi comme un rayon qui tremble,
Qui craint qu’au ciel le fuyant tourbillon
Ne se rassemble.

Que si l’amie, heureuse d’écouter,
Osait encore après moi répéter
Ce mot : Je t’aime !
Si tout son cœur, à la fin découvert,
Tombait au mien dans un aveu suprême
D’un seul concert,

Chant du bonheur ! ô quelle hymne de fête
Pour couronner et bénir la conquête
À deux genoux !
À moins, à moins qu’à ce chant qui s’élance
Ne se mêlât le murmure plus doux,
Ou le silence !