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POÉSIES

Le regard qu’attachait l’éblouissante clé,
Toujours il y revient, à l’idole fermée.

Ô Vous qu’on aime à l’ombre, et selon vous trop tard,
Qu’on désire avec pleurs, qu’on implore sans art,
Oh ! quand il nage encor dans sa neige si belle,

Oh ! qu’à ce sein je puisse, avant mon soir aussi,
Mieux qu’antique camée ou lave au flot durci,
Clouer mon front brûlant, toute une heure… éternelle !


II


Mitia poma.
Virgile.


Sous les derniers soleils de l’automne avancée,
Dans les derniers rayons des plus pâles beaux jours,
Il est une douceur plus tendre à la pensée,
Et belle encor d’effets et de riches retours.

Dans le déclin aussi de la beauté qu’on aime,
Dans ses yeux, dans ses traits et sur son sein pâli,
Il est un dernier charme, une haleine suprême,
Une blancheur de pampre, et comme un fruit d’oubli.

C’est la rose mourante et toujours plus touffue ;
Plus désirée à l’œil, la pêche qui va choir,
La prune qui se fend et sa chair entrevue,
Ivresse de l’abeille à son butin du soir !