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POÉSIES

Ainsi parlait la voix dans mon âme oppressée ;
Et moi, silencieux, écoutant ma pensée,
Par degrés je sentais la tristesse arriver ;
Oubliant de jouir, j’étais près de rêver ;
Quand Elle, tout à coup reposée et légère,
Honteuse d’avoir fui la valse passagère,
Reprit son éventail tombé sur mes genoux,
Et m’en frappa, disant : « À quoi donc pensez-vous ? »
Et je revins à moi ; ma main saisit la sienne,
Et je revis ses yeux, sa grâce italienne,
Son beau sein si brillant dans le noir du satin ; —
Et nous valsions encor quand parut le matin.


L’ATTENTE


imité de schiller.


La grille s’ouvre ! il est bien l’heure ;
J’entends comme un verrou crier…
Non ; c’est un jonc qu’un souffle effleure ;
C’est la brise du soir qui pleure
Dans des branches de coudrier.

Oh ! pour mieux recevoir ma jeune bien-aimée,
Feuillage, embellis-toi ; fleurissez, verts gazons ;
Berceaux, pour mieux couvrir sa pudeur enflammée,
En alcôve entr’ouvrez vos discrètes cloisons ;