Page:Sainte-Beuve - Nouveaux lundis, tome 5.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Lundi 18 mai 1863.


HORACE VERNET.




La France a perdu, le 17 janvier 1863, un de ses grands peintres, un de ses talents supérieurs et populaires comme elle les a aimés de tous temps, comme elle les préfère toujours, un grand talent naturel et facile. Horace Vernet, adopté dès ses débuts par le sentiment national, l’a retrouvé fidèle à sa dernière heure. Sa longue carrière qui, comme celle des plus glorieux artistes, a eu ses heures inégales et quelques jours nébuleux, a été, somme toute, admirablement remplie et comblée. Il n’a cessé de développer et de varier en mille applications le don qu’il avait reçu de la nature. Il avait conscience et il se rendait parfaitement coinpte de cette unité si nécessaire de direction et d’emploi. Les distractions et digressions qu’il s’était souvent accordées en dehors de sa route principale n’étaient, à ses propres yeux, que des digressions, et il ne rentrait ensuite qu’avec plus de bonheur et de certitude dans la voie qui l’avait conduit à la grande