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M. CHARLES MAGNIN
OU
UN ÉRUDIT ÉCRIVAIN[1],




Le devoir de chaque génération est d’enterrer ses morts et de célébrer plus particulièrement ceux qui ont droit à des honneurs distingués. Quand je dis célébrer, je n’entends pas cette louange uniforme et banale qui tend à grandir et à exhausser un personnage au delà du vrai ; la meilleure oraison funèbre, la seule digne des gens d’esprit qui en sont l’objet, est celle qui, sans rien surfaire, va dégager et indiquer en eux, au milieu de bien des qualités confuses, le trait distinctif et saillant de leur physionomie. C’est ainsi seulement qu’ils ont chance de vivre pour ceux qui ne les ont pas con-

  1. Ce Portrait a été inséré dans la Revue des Deux Mondes du 15 mai 1863. Je ne me suis pas interdit de glisser à la fin de ces volumes de Nouveaux Lundis des morceaux non recueillis encore, qui n’en font point partie, mais qui ont été écrits vers le même temps.