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rentes une unité qui est plus de décorum que d’utilité réelle ; mais ce qui vaut mieux, ici, la variété est infinie, et les choix ont été faits avec goût et conscience, même quand il s’y est mêlé un peu de caprice. Il était presque impossible de satisfaire tout le monde, dès qu’on touchait à des vivants. Il y a eu des exclusions ou plutôt des oublis ; je les regrette, et je les crois réparables. Les dernières pages, — quoique clichées, ne sont peut-être pas immuables comme les tables d’airain. Mais jouissons avant tout de ce que nous avons.

Parmi les auteurs de notices qui ont contribué au Recueil pour une grande part, tant dans ce volume que dans les précédents, M. Hippolyte Babou est celui dont le nom revient le plus souvent, et qui a le plus donné zje lui ai, en ce qui me concerne, une obligation si entière pour la manière indulgente dont il a parlé du poëte en moi, que je pourrais être embarrassé désormais à qualifier et à définir sa critique. Rien pourtant ne saurait m’empêcher de dire que ses notices sont spirituelles, étudiées, exprimant des jugements ou des impressions qui sont bien à lui, et qui se revêtent d’un tour piquant. Il a trouvé sa forme, qu’il n’emprunte à personne, dans ce genre sobre et fin de la notice littéraire. M. Asselineau, avec lui, a été l’un des ouvriers les plus actifs de cette tour immense à tant d’étages qui n’est pas une Babel : esprit net et vif, plume dégagée, il asu apporter dans l’exercice de son rôle critique une conscience, un soin qui est déjà une bienveillance et qui est fait pour toucher le cœur des vieux poëtes : demandez plutôt à notre vieil ami, Ulric Guttinguer.