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Mardi 14 octobre 1862.


ENTRETIENS DE GŒTHE
ET D’ECKERMANN.

(suite et fin.)


Gœthe, tout en jouissant des primeurs de la nouvelle littérature française, s’apercevait bien, avons-nous dit, qu’on repassait à quelques égards par les mêmes chemins qu’avait récemment traversés le romantisme allemand. Gœthe, ne l’oublions jamais, n’était pas romantique dans le sens spécial du mot. Après avoir, par ses premières œuvres, payé sa dette à la patrie allemande en vrai fils du Nord, il était allé « s’asseoir au banquet des Grecs », et il ne s’en était plus guère écarté. Malgré son Gœtz de Berlichingen, Gœthe n’était point par goût et par choix dans le sens et l’esprit du moyen âge ; il n’aimait aucunement, même dans le mirage du lointain, la barbarie ni rien de ce qui y ressemblait ;