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Lundi 6 octobre 1862.


ENTRETIENS DE GŒTHE
ET D’ECKERMANN.

(suite)


I.


Avant d’en venir à Gœthe jugeant la France et les Français, donnons-nous le plaisir de le considérer encore par quelques aspects qui lui sont propres.

La science, l’étude de la nature et de la physique, tint de tout temps une grande place dans sa vie et dans sa pensée. Après son premier jet poétique et sa première moisson si riche, si puissante et comme indomptable, il s’apaisa, parut avoir tout donné, et se mit à étudier le monde en savant. Botanique, anatomie, optique, curieux de tout, il se livra à mainte recherche, a mainte expérience, et, passant outre, obéissant à son besoin d’unité, il proposa ses théories. On voit par ses conversations à quel point il en était préoccupé, et