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Lundi 6 octobre 1862.


ENTRETIENS DE GŒTHE
ET D’ECKERMANN[1].




Il a manqué à Gœthe d’être venu à Paris et d’y avoir passé six mois. Il y serait venu, j’imagine, vers 1786, un peu avant son voyage d’Italie ; il aurait trouvé l’ancienne société française dans sa dernière fleur ; il aurait été un moment à la mode comme tous ces princes du Nord qui y passèrent, comme tous ces princes de l’esprit et de la pensée, Hume, Gibbon, Franklin ; on se serait mis à lire Werther et le reste comme on aurait pu, a la volée, pour lui en parler et le bien recevoir. Il aurait apprécié de visu, ce qui est toujours mieux, cette légèreté, cette vivacité, ce bon sens un peu étourdi qu’il sentait très-bien de loin, mais qu’il

  1. Traduits pour la première fois en français par M. Charles, professeur au lycée Bonaparte ; - Paris, collection Hetzel, 18, rue Jacob.