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Lundi 5 mai 1862.


MADAME DE STAËL.
COPPET ET WEIMAR,
PAR L’AUTEUR DES SOUVENIRS DE Mme RÉCAMIER[1].




J’ai aimé Mme de Staël et je l’aime toujours ; elle a été un des cultes de ma jeunesse, et ce culte, je ne l’ai pas abjuré. « Pourquoi voulez-vous vous occuper de ma mère ? me disait un jour la personne la plus respectable et la plus charmante, bien que si austère ; ce qu’on a écrit sur elle ne vous paraît-il donc pas suffisant ? » — « Je désire m’occuper de Mme de Staël, répondis-je alors, parce qu’il me semble que je la sens et la comprends autant que personne ; et bien que sorti de terre à un tout autre endroit et d’une tout autre génération qu’elle, un sentiment d’admiration me dit, ainsi qu’à ceux de mon âge, qu’elle nous appartient à tous. » Depuis des années,

  1. Un volume in-8o, Michel Lévy, rue Vivienne, 2 bis.