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NOUVEAUX LUNDIS

pose, à mesure que l’éducation avance peu de grammaire, pas de rhétorique formelle ni dogmatique, et la logique ajournée ; mais la jurisprudence positive, historique l’histoire elle-même, la lecture directe des auteurs, c’est ce qu’il conseille, indiquant chacun de ces auteurs alors en usage, le désignant au passage d’un trait juste, et sur les sujets et pour les époques les plus éloignées de cette « ingénue Antiquité qu’il pré.fère, montrant qu’il sait comprendre tout ce qu’il regarde, même l’âge de fer et le Moyen-Age, et qu’il est un guide non trompeur, évitant partout sans doute l’accablement et la sécheresse, mais de trop de goût pour aller mettre des fleurs là où il n’en vient pas. D’une telle éducation, avec un prince qui était plein de zèle, d’émulation et d’esprit il dut résulter, ce semble, une merveille, et en effet tous les contemporains et les proches témoins qui nous ont entretenus du duc de Bourgogne n’ont pas manqué de crier à la merveille Écoutez le sage Fleury, son sous-précepteur « C’était, nous dit-il, un esprit du premier ordre il avait la pénétration facile, la mémoire vaste et sûre, le jugement droit et fin, le raisonnement juste et suivi, l’imagination vive et féconde (que de choses !). Il ne se contentait pas des connaissances superficielles il voulait tout approfondir sa curiosité était immense mais il savait la borner par la raison. Il avait un goût exquis pour les beaux-arts, l’éloquence, la poésie, la musique, la peinture. Il dessinait facilement et de génie ; il avait étudié la musique à fond, jusqu’à savoir la composition. Difficile à instruire dans les commencements par son