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ment ceux qui ont cru que, de ma part, détait une manière de commencer, se sont mépris sur mon intention ; c’était une manière de finir. Je n’en pensais pas plus que je n’en ai dit alors sur les défauts mêlés aux mérites, et, ces réserves faites, ces correctifs apportés, et, si l’on veut, ces malices rendues, je restais dans ma mesure d’admiration et de respect pour le caractère de l’homme et pour le talent du poëte.

La réaction pourtant, qui a suivila mort de Béranger, a tout dépassé ; elle avait son principe dans bien des causes. La première, c’est celle même dont Scribe vieil’ lissant ‘a eu à souffrir : il avait trop duré ; on en avait trop dit ; cela ennuie et impatiente à la longue. Pour Scribe, cette réaction, qui d’ailleurs ne venait pas de bien haut, n’a pas dépassé le jour funèbre et s’est arrétée au bord de sa fosse ; il n’y avait plus lieu de lui en vouloir plus longtemps. Pour Béranger, les passions en jeu étaient autrement vivaces ; toutes les anciennes rancunes ont profité de cette impatience du public (je ne dis pas du peuple, qui lui est resté fidèle) et se sont réveillées : rancunes légitimistes, rancunes religieuses, rancunes littéraires, et celles-ci très-vives, de la part des raflinés, qui méprisent sur toute chose le bourgeois et les succès qu’il consacre. Je n’oublierai pas un point capital : Béranger est mort en communion parfaite avec le régime impérial qu’il n’avait pas appelé, mais qu’il avait certainement préparé ; il n’y porta point d’enthousiasme, mais il eut le bon sens de comprendre où était le salut de la France, et que, de plus, il lui serait ridicule, à lui qui avait tant fait pour entretenir par ses