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À LA PRINCESSE

« Monsieur et cher confrère,

 » Je viens de relire dans les Nouveaux Lundis[1] les deux articles consacrés à Mme Swetchine et je conserve l’impression que j’en avais reçue d’abord. Je demeure convaincu que ce qui me paraît injuste tient à l’antagonisme radical des points de vue ; je reconnais avec gratitude dans l’appréciation de plusieurs détails une étude sérieuse, l’équité et même la bienveillance d’intention.

 » Je n’hésite donc pas à vous exprimer la surprise que m’a causée l’addition de la note finale. Je me suis étonné d’abord que vous m’ayez rendu responsable d’un article du Monde dans le volume même où vous avez retracé la carrière polémique de M. Louis Veuillet et rappelé des dissidences qui ne sont pas moins vives dans le Monde qu’elles ne l’étaient dans l’Univers.

Quant à l’anecdote dont vous vous armez par représailles, elle est, permettez-moi de l’affirmer, aussi peu digne d’une critique élevée que de Mme Swetchine. Aucun de ceux qui l’ont connue n’aura besoin de témoignages pour démentir le fait en le lisant. Mais j’ai voulu me munir de renseignements certains, en vue des hommes de l’autre bord qui vous ont induit en erreur. Voici ce que me fait répondre Cloppet, l’homme de confiance du général et de Mme Swetchine pendant trente ans : « Le géné-

  1. On trouvera la réponse à cette lettre dans la réimpression du tome premier des Nouveaux Lundis.