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À LA PRINCESSE

à l’intelligence, et nous frappe par le talent : ce qui persuade et qui enchante ne me paraît pas appartenir à sa nature, restée un peu hautaine, dédaigneuse et qui a gardé des plis du sacerdoce. Quant à Caro, c’est un aimable garçon, beau parleur, doué d’élégance, de facilité, d’aménité ; ses opinions morales et religieuses me semblent d’accord avec son éducation philosophique, ses idées à la Cousin, et sa nature qui aime mieux plaire et se dérouler qu’enfoncer et pénétrer. Quand on s’exprime si aisément et avec autant de rondeur, on n’a pas besoin de creuser, et n’en ayant pas besoin, on s’en abstient volontiers : témoin Berryer et ces natures oratoires à la bouche ronde et harmonieuse. Il est donc sincère (sauf quelques complaisances), il obéit à sa pente. Nous y obéissons tous, plus ou moins. Avez-vous lu, Princesse, la lettre de Mme Sand dans la Presse sur Salammbô ? Comme tout cela se tient ! Comme il est naturel que Mme Sand pense ainsi ! elle aime, dit-elle, tout ce qui est une tentative. Lélia aimait avant tout à chercher, dût-elle ne jamais trouver. — Berlioz de même admire