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À LA PRINCESSE

Malouet : il y a des passages intéressants, et en sautant par-ci par-là, on se fait une idée juste de la société du temps et des débuts de la Révolution. L’auteur était un honnête homme.

Veuillez agréer, Princesse, l’hommage de mon tendre et inviolable attachement.


Ci-joint le passage du Cahier manuscrit tome IX, intitulé : Notes et souvenirs de la princesse J…, — lequel cahier a été communiqué par elle à M. Sainte-Beuve pour s’en régaler. Elle avait oublié la dragée qu’elle y avait mise.

« (1867. Avril, 24.) Mme de B…, née de C… et mère ; de Mme de S…, reçoit tous les jours de quatre à six heures. Elle a toute sorte de nouvelles qu’elle débite sans nommer les personnes de qui elle les tient. Voilà ce qu’elle m’a raconté sur Sainte-Beuve : « Il mène, malgré son âge, une vie crapuleuse ; il vit avec trois femmes à la fois, qui sont à demeure chez lui. » Sainte-Beuve m’a laissé des cartes, m’a écrit, mais il n’est jamais entré dans mon salon. Il est admiré comme écrivain, estimé comme critique : quand il a parlé d’un livre, son jugement est accepté ; mais, comme considération personnelle, il n’en a pas. Il a fait des pieds et des mains pour entrer au Sénat, duquel pourtant il se moquait. — Il a écrit du mal de personnes qui lui avaient fait beaucoup de bien. — Il passe pour très-gourmand ; et, comme je l’ai dit plus haut, sa vie privée est très-immorale. — M. Sainte-Beuve n’a