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À LA PRINCESSE

lement ; il est seulement très-lent à mourir. Mais il n’y a jamais eu de mieux que dans les journaux. — Il tenait plus de place qu’il ne fera de vide[1].

Gautier ne s’ennuiera pas ; il a l’esprit fin et bien fertile dans le détail des choses. Ce qu’il trouve, ce qu’il voit et ce qu’il peint est inimaginable. Il a fait un morceau sur la poésie de ce temps-ci, destine à faire partie des rapports Duruy, que l’on me dit très-beau. Théo, enfin, a de la sensibilité plus qu’on ne le suppose de loin, et il a le cœur ému autant que l’esprit en présence de la vraie beauté.

L’humanité, dès qu’on l’abandonne à elle-même, n’est pas encore prête à devenir sage. Ce congrès extravagant[2] le prouve. Il y a des gens qui pensent que le meilleur moyen de guérir les hommes des folies est de commencer par les leur laisser faire toutes d’abord, et qu’on se blasera bientôt. C’est quelquefois vrai pour les hommes dans leur jeunesse : les fous deviennent sages, les mauvais sujets deviennent des hommes.

  1. Le docteur Véron, mort le même jour.
  2. Le congrès de Genève.