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À LA PRINCESSE

Quant au cartel Lacaze-Heeckeren, c’est une chose que j’ai dû mener à ma manière ; au fond, j’y vois du ridicule et un peu d’odieux. J’espère que l’opinion est pour moi, si j’en crois le battement du pouls qui se fait vivement sentir.

J’ose espérer, Princesse, que vous m’accorderez en tout ceci quelque crédit, absent que je suis, sentant autrement que bien des personnes qui ne sont pas du même milieu que moi et qui

    l’honneur de vous adresser. Vous avez sans doute écouté jusqu’ici beaucoup de sénateurs : daignez en écouter un qui paraît l’être bien peu, au cas qu’on fait de lui, mais qui tâchera de compter pour sa part et pour sa voix, et qui est du moins de vos amis.

     » Avec toutes mes excuses et mes respects. »

    La justice, qu’invoquait M. Sainte-Beuve, fut rendue, et, vers la fin des vacances, il reçut ce billet de M. Danton, directeur du personnel au ministère de l’instruction publique :

    « 29 septembre 1867.
    « Monsieur,

    « En faisant donner à M. L… un poste que les normaliens, reçus agrégés, n’obtiennent pas toujours, je savais que je vous serais agréable ; mais je tenais aussi à satisfaire ma conscience, en réparant, à l’égard de ce jeune homme, une mesure prise malgré moi. — J’ai dû, par convenance, laisser ignorer au public mon opinion sur cette affaire ; mais rien ne m’empêche de vous dire que, si j’avais été le maître, ce n’est pas l’École normale qui aurait été licenciée.. etc. »