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LETTRES

laisse le champ libre aux conjectures, chacun de ceux qui y ont intérêt essaye de le tâter pour deviner le fin mot, et il y en a même qui ont l’impertinence de croire qu’il n’y a pas de fin mot arrêté et qu’ils pourront, à force de démonstrations et de tapage, en suggérer un. M. de la G. est dans ce cas ; il l’a dit à Nisard, qui s’est refusé à ce vilain jeu. Selon M. de la G., le chef n’ayant pas de projet ni de résolution arrêtée, on pourrait agir sur lui et lui insinuer un projet autre que celui qu’on lui suppose : on lui ferait son opinion !

D’un autre côté, parmi les ministres, ceux qui désirent la solution que souhaite également la majeure et plus saine partie de la France, ne recevant aucune réponse du maître, essayent quelque chose pour tâter : c’est ainsi que MM. Thouvenel et de Persigny ont suggéré au Constitutionnel l’idée du retrait des troupes moyennant garanties… Ce n’était qu’un ballon d’essai : on craignait le lendemain que le chef ne se fâchât et ne trouvât qu’on était allé trop loin. Comme il y a eu silence, on a auguré qu’on n’avait pas fait fausse route.