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LETTRES

tenté. Il faut se résigner et savoir avant tout ce qu’on est. Mes forces sont ce que je les sens, non ce qu’elles paraissent. J’ai donc dû ne pas même songer à ce qui eût été le rêve et l’enchantement des jours d’autrefois. J’attendrai, pour retrouver quelque chose de ce charme qui est le motif de vivre, que vous soyez revenue et que la douce habitude reprenne son cours. Jusque-là, je végète et je paperasse : c’est en deux mots tout ce que je suis.

Nous aurons des récits au retour. Je me figure que, déjà ou d’ici à peu de jours, quand tous ceux du départ et ceux du rendez-vous seront rassemblés, il y aura de belles soirées sur les terrasses de Belgirate et qu’elles n’auront rien à envier à ce qu’on imagine des Hexaméron et des Décaméron du passé ; qu’il m’en vienne un avant-goût dans un billet de vous, Princesse, et daignez penser et croire que j’y assiste en esprit.

Veuillez agréer l’hommage de mon tendre et respectueux attachement.

Je demande à être rappelé au souvenir du