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À LA PRINCESSE

Mérimée, pourtant, y était hier, revenant de Saint-Cloud et partant demain pour Biarritz. Mais tout cela ne me touche pas.

Notre Magny (ce qui me touche davantage) avait lundi dernier ses Goncourt, qui regardaient déjà vers le lac Majeur et qui y sont déjà peut-être ; — Saint-Victor y était aussi ; — ni Mme Sand, enlevée en Normandie chez Dumas fils ; — ni Flaubert, reste encore au Croisset ; mais un Renan gai, vif, éclairé de je ne sais quel rayon du soleil de Grèce depuis qu’il y est allé ; je ne l’ai jamais vu mieux ni plus véritablement aimable. Son saint François d’Assise des Débats[1] le fera absoudre de la princesse Augusta elle-même.

C’est ainsi, Princesse, que je compte traîner jusqu’au retour de Votre Altesse, vivant avec mes livres et mes vieilles gens du temps passé. Il faut bien que tout mouvement poétique, tout éclair d’avenir et toute perspective soient désormais choses éteintes et disparues chez moi pour que ce voyage à votre suite ne m’ait pas même

  1. L’article de M. Renan avait paru dans le Journal des Débats des 20 et 21 août 1866.