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À LA PRINCESSE

place les impertinents et les outrecuidants. Je crains toujours qu’ils n’aient des intelligences au dedans. L’opinion du public en est toute déroutée. Triste ! triste ! s’écrie quelque part un personnage de Musset, un abbé, qu’il m’a dit un jour n’être autre que moi-même.

M. Thiers m’est venu voir à l’un de ses passages à Paris : il m’a parlé de vous, Princesse ; il vous savait un peu sévère, mais il vous aime toujours. Je crois que le mot d’infortuné[1], qui est, en effet, tout ce que vous dites et de plus une faute de ton, disparaîtra à une seconde édition.

Ce que vous me dites d’Auguste Barbier est bien fait pour m’étonner, et je ne doute pas, Princesse, que vous n’ayez eu affaire là à un de ces hommes qui se donnent pour ce qu’ils ne sont pas. Auguste Barbier, le vrai, l’auteur des Iambes, est un petit homme court et gros, très-

  1. « L’infortuné Hudson Lowe. » M. Sainte-Beuve avait déjà relevé cette singulière épithète dans un article qui venait de paraître au Constitutionnel (8 septembre 1802), et qui a été recueilli depuis au tome III des Nouveaux Lundis. Il a pour titre Sainte-Hélène, et pour sujet principal le dernier volume de l’Histoire du Consulat et de l’Empire.