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LETTRES

lui des beaux-arts. Il en a parlé à Mérimée, qui est tout naturellement choisi comme sénateur académicien. Mais Mérimée, qui a peu de goût pour les idées générales, voudrait bien se borner à de simples notes. J’ai indiqué comme conseiller utile Viollet-Le-Duc. J’ai nommé Saint-Victor

    en public de l’idée modifiée, il m’a été difficile et finalement impossible de la reconnaître, non-seulement dans la forme, mais pour l’esprit.

    » Le beau, le bien, le vrai, est une belle devise et surtout spécieuse. C’est celle de l’Enseignement, celle de M. Cousin dans son fameux livre : ce n’est point la mienne, oserai-je l’avouer ? Si j’avais une devise, ce serait le vrai, le vrai seul ; — et que le beau et le bien s’en tirent ensuite comme ils pourront !

    » Prétendre étudier la littérature actuelle au point de vue de la tradition, c’est l’éliminer presque tout entière. C’est en retrancher l’élément le plus actuel, le plus vital, celui qui lui fera peut-être le plus d’honneur dans l’avenir.

    » Si j’avais un rapport à faire, il me serait impossible, sans me mentir à moi-même, de ne pas contredire une telle idée que j’ai toujours, soit directement, soit indirectement, combattue.

    » Les doctrines philosophiques, dont le rapport doit accompagner celui des Lettres, seront évidemment traitées dans le sens spiritualiste pur, qui est le plus opposé à mes tendances. Il n’y a plus dans la combinaison actuelle le contre-poids de certains noms très-significatifs que j’aurais désirés et que Votre Excellence elle-même avait paru accueillir.

    » Je ne puis vraiment espérer d’enflammer au nom de l’idée