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À LA PRINCESSE

gences et les artistes. Ils visent donc à vous ; vous êtes aimable de vous laisser atteindre.

Le projet de M. Duruy prend corps : cela peut devenir une grande chose. Je suis chargé de demander à Taine de se charger de l’un des rapports. Je ne serais point fâché, Princesse, que cela passât par vous. Il s’agit de lui demander de traiter des rapports de la littérature française et des littératures étrangères, et de l’influence de ces dernières sur la nôtre depuis quinze ans. Un joli chapitre à écrire et où il serait maître. Il serait peut-être temps aussi, en félicitant M. Duruy de sa pensée élevée[1], de causer avec

  1. M. Sainte-Beuve déclina bientôt toute part de collaboration à ce projet, et il en donne ses motifs dans la lettre suivante, adressée à M. Duruy :
    « Ce 9 décembre 1865
     » Monsieur et cher Ministre,

     » Permettez-moi, pourtant, de vous dire que, depuis le jour où vous m’avez fait l’honneur de me parler de ce rapport sur l’état de la littérature depuis quinze ans, la chose a presque totalement changé de point de vue et de face.

     » La première idée que vous m’avez présentée s’était imposée à moi par son étendue, par sa grandeur et je dirai son originalité. Mon esprit y est entré à l’instant, vous avez pu le voir, avec plaisir et même avec zèle.

     » Depuis ce temps, à chaque exposé nouveau qui a été fait