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À LA PRINCESSE

que de se retrancher son côté gauche et de dire tout haut : « C’est un ami de mes ennemis. »

Combien de gens ne se rattachaient au gouvernement de l’empereur que par une adhésion ou une confiance plus ou moins vague, plus ou moins confuse aux sentiments du prince Napoléon, dans lesquels ils croyaient voir des indicateurs, des précurseurs d’autres sentiments impériaux ! Les voilà avertis et désabusés. Et maintenant que faire ?

Je suis assuré que l’empereur regrettera, dans sa bonté et sa justice, ce qu’il a fait. C’est alors, Princesse, — c’est bientôt, — que vous pourrez intervenir ; — et dès à présent vous le pouvez auprès de votre frère. Très-probablement on le pressera, on le priera de garder la présidence de l’Exposition universelle, que, seul, il est en état de tenir en main : mon sentiment serait qu’après une résistance honnête, il cédât ; qu’il permît à l’empereur de regretter ce qui s’est fait, de le réparer en partie,… enfin qu’il ne fermât pas accès et jour à une réconciliation ; qu’il ne fût pas irrité au delà de ce qu’il faut. Je suis sûr que le pays lui saura gré de la modé-