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198 POÉSIES. Honneur à vous ! De peur qu’un éclatant spectacle De l’art régénéré n’achève le miracle Et ne montre en son plein l’astre puissant et doux, On veut s’interposer entre la foule et vous. On veut vous confiner dans ces régions hautes D’où vous êtes venu ; dont les célestes hôtes Vous appelaient leur frère en vous disant adieu; Où, loin des yeux humains, dans la splendeur de Dieu, Votre gloire mystique et couverte d’un voile, Apparaissant, la nuit, comme une blanche étoile. Ne luisait que pour ceux qui veillent en priant. Et s’évanouissait dans l’aube à l’Orient. Aujourd’hui, des hauteurs de la sphère sacrée, A terre descendu, vous faites votre entrée ; On sème donc, Ami, les pièges sous vos pas; Mais tenez bon, marchez et ne trébuchez pas ! Il faut porter au bout l’ingratitude humaine ; Ce n’est plus comme au temps où votre chaste peine. Délicieux encens, montait avec vos pleurs. Quand Dieu vous consolait, quand vous viviez ailleurs. Oh ! que la vie alors vous était plus facile ! Repoussé d’ici bas, vous aviez votre asile