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témoin de l’enthousiasme sans exemple que ce discours excite dns les salons et qui n’est qu’un reflet affaibli de celui qu’il a excité dans la haute chambre ; il faut ajouter l’éloquence au nombre de ces puissances trompeuses dont Pascal a parlé après Montaigne. Il y a un très-grand talent dans ce discours et beaucoup de choses vraies, si l’exagération peut être vraie ; mais comment tout cela se tient-il ? Quoi ! Monsieur, vous voulez la liberté entière et absolue, et vous parlez contre les résultats mêmes de cette liberté ! Ce n’est donc que ce résultat moral de la parole que vous cherchez ? Mais est-ce là le propre d’un homme politique ? Qu’est-ce qu’un résultat moral qui ne se réalise point par des actes ? La liberté, la liberté entière, répétez-vous, au moment où vous en dénoncez les excès. — mais a-t-on jamais dit à un général : « restez en plaine, n’occupez aucune hauteur en face de l’ennemi, ne prenez aucune précaution, aucune garantie, surtout pas de défilé, pas de position défendue