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somme. Autrement, les vieilles choses durent et persistent indéfiniment, réduites à l’état de secte. Il y a encore des juifs, il y a encore des jansnistes, il y aura longtemps encore des jésuites ; il y aurait encore des païens dans les campagnes si quelque empereur violent n’avait rasé les petites chapelles ou n’y avait planté au sommet une croix. Du moment que les grandes choses sont décapitées et ont véritablement cessé de vivre en cessant de régner, elles peuvent végéter sans terme à l’état d’êtres inférieurs, comme des mollusques dont les morceaux font secte : il n’y a qu’une manière d’en finir, c’est de mettre le pied dessus, et c’est une vilaine manière qu’il faut laisser aux butors et qui répugne aux honnêtes gens.


La nature veut qu’on jouisse de la vie le plus possible et qu’on meure sans y penser. Le christianisme a retourné cela.