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Pierre Leroux n’a jamais su écrire, en ce sens qu’il n’a jamais su se borner. Quand il commençait un article, il voulait bientôt y faire tout entrer ; l’article grossissait à vue d’œil et devenait un paquet énorme où l’Orient, l’Europe, toute la politique, toute la théologie, toute l’esthétique, avaient peine à tenir. Un jour, on lui demanda une préface pour les fables de Pierre Lachambeaudie, qui devaient paraître en livraisons. Il hésita d’abord, il répondit par un certain rire sardonique qu’il a, et fit la petite bouche. Puis, quand il s’y mit, il commença à s’étendre, à parler de tout ; c’était à n’en plus finir, tellement que pour que les fables trouvassent leur place à la suite de ce travail, qui menaçait de prendre tout le volume, il fallut l’avertir et l’arrêter. Les fables semblent reléguées à la suite comme pièces à l’appui.


Leroux m’a fait comprendre (ce que la jeu-