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grandeur, et qu’Aristote y range parmi les vices et à la suite de a etitesse d’âme le manque d’espoir, l’humilité, e cela sans faire aucune réserve ; en effet, l’âme humaine, selon Aristote, si complète que la vît ce grand génie analytique, n’est pas l’âme humaine et chrétienne selon saint Augustin. La nature humaine a pris réellement, sous et par le christianisme, es plis et replis qu’elle n’avait pas auparavant ; l’humilité, le découragement ont pu devenir vertu ou y mener ; la grandeur d’âme, plus simple et plus saine chez les anciens, s’est alambiquée, raffinée par la chevalerie, et on en a eu le jeu, qui est devenu un vice. Aristote avait affaire évidemment à une nature humaine qui n’avait point passé encore par le confessionnal et par les cours d’amour. L’homme, à force de s’agenouiller, ne s’était pas encore plié en deux, et on ne s’était pas habitué à couper, comme on dit, un cheveu en quatre.