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fois un parti pris, il y tient. Un trat de son enfance et qu’aime à raconter sa mère le peint à jamais. Il avait cinq ans ; il avait fait quelque petie faute. Sa mère, qui était occupée à peindre, le mit hors de l’atelier enpénitence et ferma la porte sur lui. à travers cette porte, l’enfant se mit à demander pardon, à promettre de ne plus recommencer, et il employait les tons les plus sérieux et les plus vrais. Elle ne lui répondait pas ; il fit tant qu’il ouvrit la porte, et, à genoux, il se traîna vers elle, suppliant toujours et d’un accent si sérieux, et dans une attitude si pathétique, qu’au moment où il arriva en sa présence, elle ne put s’empêcher de rire. à l’instant il se releva, et changeant de ton : " eh bien ! S’écria-t-il, puisqu’on se moque de moi, je ne te demanderai plus jamais pardon. " ce qu’il fit. Ainsi en tout : comme il vient un moment, et très-vite, où notre sérieux est en pure perte et où les choses nous éclatent de rire au nez, il se le tint pour dit, il ne leur demanda plus jamais pardon en