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était religieux, pas plus. On a exagéré cela dans le récit de ses derniers moments.


Nos auteurs dramatiques et nos romanciers sont uniques. Ils vivent la plupart comme de gais et spirituels chenapans, avec des filles, avec des cocottes, avec des femmes mariées ; ils ne se gênent en rien et s’en donnent à tire larigo. Mais dès qu’il s’agit, dans leurs inventions littéraires, d’un adultère, cela devient une affaire de tous les diables et comme si le cas était pendable au premier chef. Ils oublient qu’il n’y a rien de plus commun en fait, et rien qui, dans le train ordinaire de la vie, tire moins à conséquence. Je comprends à ce sujet l’indignation de ce brave Sarcey, qui, à voir tant de bruit et souvent tant de sang répandu sur le théâtre pour ne simple omelette au lard, s’écrie :

« Je ne puis plus parler de cette question avec sang-froid. Le théâtre nous en a tellement excédés que je