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libéraux et les correspondants du journal de Genève, à s’émerveiller sur l’effet et les péripéties de cette séance du 5, où l’on a vu M. Rouher s’engageant graduellement jusqu’à dépasser le but, traîné à la remorque par deux acolytes imprévus, M. Thiers et M. Berryer, et en venant à laisser échapper du haut de la tribune ce fameux mot jamais ! Qui a toujours porté malheur à ceux qui l’ont proféré. Ces messieurs, spectateurs privilégiés de la séance, sont tout heureux de vous faire assister à ce bête de triomphe de M Chesnelong : ils oublient le fond et le fait, qui est ce misérable pouvoir temporel, une dernière honte de la civilisation, et ils ne voient qu’une des scènes accidentées de l’éloquence parlementaire, objet littéraire de leur culte. Ils oublient de flétrir en M. Thiers cette dernière palinodie qui le range, lui, l’enfant de la révolution, parmi les conservateurs à la suite de feu Metternich. Ils oublient tout. Et c’est ainsi que notre nation recommence indéfiniment le même jeu, sans