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se vantent et s’honorent d’être journalistes ; il n’y a pas plus à s’en vanter qu’à en rougir. J’aimerais autant qu’on se vantât d’aller souvent en chemin de fer : il y a du pour, il y a du contre, et c’est selon le but qu’on a, et le genre d’affaire et d’intérêt qui vous y conduit. D’ailleurs de nos jours, quand on écrit, on passe par les journaux, c’est à peu près devenu inévitable.


Le journal est une industrie. Si l’on y arrive avec trop de zèle, avecun désir de trop bien faire, de faire mieux que les autres n’avaient fait jusque-là et si l’on ne sert pas directement l’intérêt, la passion ou la vanité du chef, on s’aperçoit vite qu’on a tort ; et puis l’on a contre soi la conspiration sourde de ceux qu’on gêne dans leur routine, dans leur train de tous les jours, et qu’on va forcer par son exemple à se soigner davantage, à mieux faire, eux